Nimby, pas de demandeurs d’asile dans mon village!

Nimby, pas de demandeurs d’asile dans mon village!

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“Gouverner, c’est prevoir”. Consequence de la baisse du nombre de demandes d’asile en Belgique, le reseau d’accueil des demandeurs d’asile devrait passer de 23 000 a 16 000 places d’ici fin 2014. Cette chute spectaculaire du nombre de places concerne notamment des places en structures individuelles gerees par les ONG et les ILA (Initiatives locales d’accueil). Pour les ONG, il ne faudrait pas en fermant des laces a tour e bras se retrouver dans la meme situation qu’il y a 4 ans durant la “crise de l’accueil” et devoir ouvrir des centres d’accueil en urgence. Parce que rouvrir des places d’accueil prend du temps notamment parce que l’ouverture de nouveaux centres s’accompagne en general d’une vive opposition des riverains et parfois des elus locaux. Retour sur le phenomene “NIMBY”(Not During my BackYards). Un article d’Andrea Raa redige en 2011 fort plus au de la crise de l’accueil des demandeurs d’asile mais qui preserve tout son sens.

Voyant a la television des demandeurs d’asile, et plus encore des femmes et des enfants, sans logement et vivant dans la rue, les citoyens font preuve de compassion pour ces personnes en souffrance. Toutefois, cette compassion a distance se transforme souvent en crainte ou hostilite lorsque la presence virtuelle se mue en presence body de proximite. Lorsque des habitants voient arriver dans leur quartier ou leur town des demandeurs d’asile, l’empathie cede alors la destination au rejet fonde sur le problem NIMBY (Not within my backyard, pas dans mon jardin).

Les reactions observees a la fin de l’annee 2010 dans certaines communes ne sont pas differentes de celles observees il y a plus de 10 ans dans une enquete realisee a Bruxelles et en Wallonie1. Bien que les reactions NIMBY se construisent sur des objets tres differencies (centrale nucleaire, incinerateur, etc. ), s’agissant des demandeurs d’asile, elle se fixe sur un senti- ment permanent: la peur de l’etranger ou en-core la peur de l’etrangete de l’etranger.

Pour faire face a la crise, diverses solutions temporaires ont ete trouvees: ouverture de places dans cinq web internet internet sites militaires – Bierset (550 places), Bastogne (550 places), Gembloux (250 places), Weelde (512 places), Houthalen (512 places) —, accroissement de la capacite d’accueil du SAMU (400 places d’urgence) a Bruxelles et dans les hotels. A cela s’ajoutent des solutions plus structurelles l’extension that is comme centers (600 places) et l’accroissement de l’accueil dans les Initiatives locales d’accueil (environ 2000 places). Dans le meme temps, le Premier ministre et le Secretaire d’Etat a l’Integration sociale ont assure que du workers supplementaire serait engage afin d’accelerer le traitement des dossiers des demandeurs d’asile.

Reactions

Des l’annonce de l’utilisation du centre de vacances « Les Fourches » a Herbeumont comme centre d’accueil de transit, la population a marque une violente hostilite a ce projet. Elle refuse de voir son town de vacances de 500 residents se transformer en un espace d’accueil pour 400 demandeurs d’asile. Los angeles bourgmestre se plaint que les autorites lo- cales pu that is n’ont a aucun moment, donner leur avis. L’hostilite, qui prend rapidement pour seconde cible le Secretaire d’Etat Philippe Courard, temoigne de l’impuissance politique des locaux that is elus. En effet, ils ne peuvent s’opposer a cette decision, mais ils peuvent dis- cuter des modalites de mise en ?uvre et de suivi. Pour faire face a une situation financiere difficile, le proprietaire de l’Eurovillage a propose a la Croix-Rouge d’accueillir des demandeurs d’asile. Alors que ce changement d’affectation du lieu constitue une opportunite economique pour son proprietaire, les commercants et les cafetiers du coin s’inquietent de l’avenir de leur town touristique. Ils redoutent l’arrivee des demandeurs d’asile qui risquent de ralentir l’activite commerciale du lieu. « On a un village touristique et on nous amene ca (sic). Cela n’apportera rien du tout. Nous sommes inquiets, avant on laissait notre porte ouverte » (La Libre Belgique, 12/01/2011).

Face a l’animosite de la populace locale, le Secretaire d’Etat tente de voir les aspects positifs de cette installation. La Croix-Rouge doit engager 30 personnes pour s’occuper des demandeurs d’asile ainsi que des infirmiers, des educateurs, des assistants sociaux et du personnel administratif. De meme, des enseignants sont embau­ches pour la scolarisation des enfants au sein du centre. Pour contrer les discours sur l’in­securite, il rappelle que la police n’a signale que 59 delits en 2010 pour tous les centers (Los Angeles Libre Belgique, 02/02/2011). Cependant, la populace locale, dans un premier temps, reste insensible a ces arguments. Pour apai­ser les tensions, sugardaddie les autorites federales et lo­ cales rapidement that is mettent place un Comi­te d’accompagnement du centre d’accueil afin de resoudre au quotidien les problemes et re­duire les inquietudes des riverains.

Petition contre l’ouverture d’un centre

La meme hostilite a ete observee a Bier­set ou il est prevu d’accueillir 550 deman­deurs d’asile dans le centre militaire. Le bourgmestre n’est pas enchante de cette de­cision. Los angeles Croix- Rouge gere l’arrivee des de­mandeurs d’asile. Le depart des militaires et leur replacement par des demandeurs d’asile fait craindre un effet nefaste sur commerce that is le la vie locale. Confronte concretement a la problematique de l’asile, le bourgmestre de­clare: « Il est temps que la Belgique soit plus drastique, qu’elle arrete d’accueillir toute la misere du monde » (La Derniere Heure, 23/11/2010).

Une autre caserne a connu cette meme reaffectation, celle de Bastogne qui pourrait accueillir jusqu’a 550 deman­deurs d’asile. L’arrivee des demandeurs d’asile a aussi ete accompagnee d’une reaction hos­tile de la part de la populace locale qui a redige une petition rassemblant 2000 signa­tures. Le bourgmestre ne souhaite pas voir leur presence s’eterniser et le Conseil communal a vote une motion contre cette ve­nue. Un protocole d’accord a signe that is ete le bourgmestre et le Secretaire d’Etat fixant la duree d’accueil jusqu’en novembre 2011. Los angeles reaction est nettement moins aggressive a Gem­bloux ou le bourgmestre regrette malgre tout le manque de contact avec le federal. Lors d’une reunion d’information rassemblant associations locales, riverains, les autori­tes communales et la Croix-Rouge, la repre­sentante de cette derniere a fait part de l’ur­ gence humanitaire. Le bourgmestre declare: « Ce ne sont pas des delinquants qui seront accueillis ici, mais des hommes, des femmes et des enfants qui sont a la rue » (L’Avenir, 16/12/2010). Bien que la population locale manifeste quelques signes d’inquietude, elle a aussi propose son aide alors que les fetes de Noel approchaient.

Perturbations et insecurite

A Bruxelles, le SAMU social a decide d’ac­cueillir 300 a 400 demandeurs d’asile dans les anciennes casernes de la gendarmerie d’Ixelles. Cette decision a effraye les rive­rains et etonne le bourgmestre d’Ixelles car le SAMU ne les avait pas prevenus preala­blement. L’implantation dans un quartier re­sidentiel de Bruxelles de nouveaux venus inquiete et risque, comme dans les autres im­plantations, de remettre en cause les routines quotidiennes. « On va creer un ghetto dans un quartier paisible en plein c?ur d’Ixelles » declare un riverain (Le Soir, 17/11/2010). La rupture de la quietude locale et sont that is l’insecurite enonces comme sources de la colere des riverains meme dans les lieux les plus securises, comme nous montre l’exemple de Casteau. Les reactions de crainte ont aus­si ete enregistrees lors de l’annonce du projet d’installer un centre pour 250 demandeurs d’asile ainsi qu’une trentaine de mineurs etrangers non accompagnes a Casteau dans l’ancien hotel « Les Maisieres » situe en face du quartier general des forces alliees de l’Eu­rope (form) (Le Soir, 8/02/2011).